vendredi 27 avril 2012

Quand manger devient souffrance...


Je rencontre beaucoup de personnes pour qui se nourrir n’est pas quelque chose de simple. Cet acte basique et nécessaire à notre survie devient pour certains un acte de souffrance qui peut prendre beaucoup de place jusqu’à devenir un sujet obsessionnel.


Il y a deux principaux troubles alimentaires : l’anorexie et la boulimie.
En bref, l’anorexie est un trouble de la perception de l’image du corps. La personne est très préoccupée par son poids et son image corporelle. Elle se perçoit comme trop grosse, même si elle est très mince et se nourrit très peu (on parle d’anorexie restrictive).
La boulimie consiste en des pulsions incontrôlables par rapport à la nourriture. Ensuite, la personne peut soit se faire vomir ou prendre des laxatifs par peur de grossir suite à ces crises soit ne pas le faire (et dans ce cas, certaines sources parlent d’hyperphagie, épisode de prises alimentaires excessives sans méthode compensatoire).
Ces troubles sont plus ou moins intenses et peuvent durer plus ou moins longtemps dans la vie d’une personne.
Sans aller jusqu’à la boulimie ou l’anorexie, se nourrir devient compliqué pour certaines personnes : être obsédé avec leur poids, leur image, ce qu’elle mange, ce qu’elle devrait manger ou ne pas manger… Et dans tout ça, plus beaucoup de place pour le plaisir...
Il faut ajouter à cela des symptômes au niveau de la digestion (brûlure d’estomac, constipation, ballonnement, diarrhée…).

J’ai voulu en savoir plus combien ces problèmes concernent la population. Alors j’ai fait quelques recherches.
Les statistiques que je présente ici sont issues des sources internet regroupées dans ce pearltree .


Voici les chiffres que j’ai trouvés pour la France (à prendre comme un ordre de grandeur)


Anorexie
Boulimie
Proportion Hommes/femmes
1 homme pour 9 femmes
1 homme pour 9 femmes
Proportion de la population féminine entre 15 et 35 ans
1,5% (230 000 personnes)
3 à 4% (400 000 personnes)
Proportion des adolescentes
2%
8 à 10%
Abus sexuel durant leur enfance
50%
75%
Mortalité
7 à 8%
?

Ces troubles apparaissent souvent au moment de l’adolescence ou au début de l’âge adulte. D’après ce que j’ai lu, le début de ces problèmes survient de plus en plus tôt (dès 11 ou 12 ans parfois).
Toutes les sources indiquent que ces problèmes concernent plus les femmes que les hommes.
La boulimie (ou l’hyperphagie) est beaucoup plus fréquente que l’anorexie.
70% des boulimiques ont un poids « normal » et ceux qui font de l’hyperphagie sont souvent obèses. 80 à 90% des boulimiques se fait vomir après une crise et 30% prend des laxatifs.

70% des anorexiques reprend leur poids normal (c’est-à-dire que l’anorexie est passagère). 13% développe une anorexie chronique et 7 à 8% meurt d’une maladie ou d’un suicide (ce qui est beaucoup ! l’anorexie a donc un taux de mortalité élevé).
L’anorexie serait 10 fois plus fréquente chez les danseuses.
Il est aussi assez fréquent que des anorexiques deviennent boulimiques (environ 7% des boulimiques sont d’anciennes anorexiques).

En résumé, il y a 4 à 6% des femmes françaises entre 15 et 35 ans qui souffrent d’anorexie ou de boulimie.

Plus encore, 37% des femmes se trouvent grosses, 57% font des régimes (donc même celles qui ne se trouvent pas grosses...), 2,3% prennent des médicaments (parfois nocifs) pour maigrir et 3,1% des laxatifs.

La constipation chronique toucherait 3 à 5 % de la population française et de manière occasionnelle 10 à 30%. Je n’ai rien trouvé concernant des problèmes comme les brûlures d’estomac…

Force est de constater que ces problèmes concernent les sociétés occidentales (mais commencent à toucher des pays comme la Chine, l’Inde…). Ces comportements sont donc très liés à notre mode de vie occidental.

On pourrait blâmer notre société et son culte de l’image parfaite qu’elle nous renvoie mais j’aimerais aborder le sujet plus sous l’angle individuel.

Tout d'abord, j’ai été étonnée de la proportion importante des anorexiques et boulimiques qui déclare avoir subi des abus sexuels dans leur enfance (50 et 75%).
Ce chiffre me paraît être trop important pour qu’il n’y est aucun lien.
Quand une personne a subi un traumatisme, elle y a réagi dans son corps car c’est insupportable. Cette réaction reste imprimer dans le corps et la personne continue à lutter pour ne pas sentir ces émotions (même si l’abus est terminé), c’est comme si la personne est restée « fixée » à cet événement de sa vie. Pas tout le temps bien sûr mais certaines situations vont provoquer à nouveau cette réaction (même si ce qui provoque n’a plus rien à voir avec ce qui c’est passé).
Ainsi la personne reste de cette manière « attachée » à son passé (pour approfondir cet aspect, j'en ai déjà parlé dans cet article). Souvent cela mène la personne à des comportements auto-destructeurs (dépendances, drogues, mutilations, comportements suicidaires…).

Je reprends une description issue de mes sources internet qui résume les sensations des boulimiques :
« Les boulimiques font souvent état d’une sensation de vide insupportable, d’un besoin de s’isoler comme si la réalité n’était pas supportable ou intéressante. Ils se réfugient dans un monde où ils ne sentent rien, ne sont pas touchés…Ils ont souvent des pensées très négatives et ressentent de la honte. »

Quand manger (où s’empêcher de manger) est une obsession, on est prisonnier de l’attitude qu’on a mise en place autour de l’acte de se nourrir et elle devient de plus en plus une routine.
Les attitudes que l’on développe face à la nourriture sont multiples : elle consiste en une posture physique, une humeur…même si on est souvent bien plus occupé à écouter ce qu’on se raconte dans la tête : souvent à se juger et se critiquer, se donner des ordres. Forcément, ça ne fait pas du bien…Ajoutons à cela de la culpabilité et la honte
Cette attitude nous prend aussi beaucoup de notre attention et donc de notre énergie. Elle nous occupe d’une certaine manière et nous empêche souvent de faire ce que l’on voudrait de notre vie, ce qui entraîne beaucoup de frustration. 

Même si on n’a pas subi de traumatismes aussi importants, on a tous été touché dans notre vie et certaines émotions n’ont pas été digérées, ce qui entraîne des symptômes physiques et des comportements qui empêchent notre corps de bien fonctionner et d’être bien. 


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2 commentaires:

  1. Bonjour Caty,

    J'ai une petite précision sur la différence boulimie/hyperphagie (issue de mon expérience, puisque j'ai été hyperphagique, et de mes contacts avec de très bon nutritionnistes). La différence ne vient pas du fait d'éliminer ou non, la boulimie comporte ces 2 aspects (avec et sans méthode éliminatoire). Un boulimique ressent un tel vide qu'en crise il mange sans pouvoir s'arrêter, et tout ce qui lui tombe sous la main. Dans les cas extrêmes, ça peut même être des aliments crus (même des pâtes).
    Alors que lors d'hyperphagie c'est moins par crise/compulsion, même si ça existe, et on se tourne plus vers des aliments "doudous" type gras et sucrés (gâteaux, chocolat, etc.).
    Voila je voulais juste apporter cette petite précision, j'espère qu'elle n'est pas malvenue :)

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    1. Non, au contraire. Merci pour cette précision!

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